jeudi, juillet 07, 2005

LES HUMEURS DE JADE:
Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark.

Les Humeurs de Jade: Tous ces petits riens qui m'irritent, toutes ces grandes choses qui m'emmerdent. Tout, enfin, ce qui empêche le lézard vert de lézarder inoffensivement dans son antre en fredonnant tranquillement l'air de sa dernière ritournelle intérieure (en ce moment, c'est VEILLER TARD de J.-J. Goldman).

Ce soir, je me sens toute chose, un peu éparpillé. Avec un vague sentiment de malaise au fond de moi. Est-ce la conséquence indirect du choix du Comité International Olympique? Peut-être. J'avoue avoir espéré aujourd'hui que Paris gagnerait, avoir espéré qu'un projet fédérateur, dépassant les clivages d'une société intoxiquée par ses acquis de classes, ses préjugés de race et sa classe politique rapace, pourrait pousser tout le monde à retrousser ses manches pour sortir par le haut de la crise que vit notre pays.

Ce joli projet avait réussi pourtant à souder un maire de gauche à un président de droite, était parvenu à éteindre momentanément les feux des conflits politiques dans une paix intéressée quasi-générale (hormis bien entendu un aréopage hétéroclite de détracteurs impénitents d'extrémistes politiques anti-fric, anti-mondialisation, etc). Même les syndicats, prompts à s'élever en opposition, avaient souscrit à cette Pax Olympica.

Bref, c'était le meilleur prétexte pour avancer ensemble dans un but commun. Un excellent moyen de donner au Peuple en plein marasme, l'espoir des Jeux du Cirque et par les efforts pour les obtenir, générer du Pain pour le nourrir. La boucle était bouclée. Dopé par un effet Coupe du Monde 1998 bis, Chirac pouvait espérer voir sa popularité remonter, Delanoë dépassait enfin le niveau de Paris-Plage dans son programme de Gentil Organisateur culturel municipal.

Un beau rêve qui s'est donc écroulé aujourd'hui, pour quatre petits doigts, nus ou gantés, boudinés ou bagués, qui ont ripé sur la console et tapé le 8 (Londres) au lieu du 7 (Paris). Eh oui, c'est comme pour la Starac', il n'y a qu'un gagnant. Le dauphin de l'élection s'en retourne, les rêves brisés, lécher ses plaies d'amour-propre dans l'indifférence générale.

Et la France se retrouve dégrisée, sans projet fédérateur, à contempler l'indicible perspective d'espérer silencieusement pendant deux ans encore le décès du président-monarque afin d'échapper à la possibilité d'un troisième règne (voire pire, l'avènement d'un médiagénique trop énergique ou d'un gentil doudou trop mou).

Maintenant que notre béquille mentale s'est effritée à Singapour, que faire? Que faire sinon espérer qu'enfin quelqu'un là-haut dans les sphères éthérées du pouvoir réalise que les mesurettes cosmétiques successives ne font que délayer une sauce que, la dette croissante aidant, la France devra avaler tôt ou tard?

Au final, ce qui me trouble dans ce constat, c'est que ce grippage du système se reproduit à mon échelle personnelle. Je pensais aux Jeux pour relancer l'économie et, du coup, ma pauvre petite propre situation. Et j'ai maintenant l'insidieuse sensation que si je ne donne pas bientôt un coup de pied salvateur dans le fouillis de ma situation professionnelle, elle va forcément finir par se dégrader.

Peut-être m'inquiètè-je trop facilement, mais cette phrase tourne dans ma tête maintenant: "Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark."

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