samedi, juillet 02, 2005

LES HUMEURS DE JADE :
Halte à la Gaystar Academy


Les Humeurs de Jade:Tous ces petits riens qui m'irritent, toutes ces grandes choses qui m'emmerdent. Tout, enfin, ce qui empêche le lézard vert de lézarder inoffensivement dans son antre en fredonnant tranquillement l'air de sa dernière ritournelle intérieure (en ce moment, c'est COME WHAT MAY de N. Kidman et E. McGregor (tiré de la BOF du film Moulin Rouge)).

Je viens de trouver sur le blog de Mike © la jolie publicité ci-dessus. Et bien entendu, ce truc me fait monter sur mes grand chevaux.

On ne sait donc plus comment exploiter le "filon" gay:

Ils ont d'abord tapé directement dans le coeur de cible marketing et réduit la spécificité au maximum: rézos téléphoniques et minitel, lieux de rencontres (bars et boîtes) et magazines papier glacé. "Après tout, nous ne répondons qu'à un besoin." Et j'avoue qu'en ces temps-là, je n'ai pas été le dernier à avoir répondu à ces sirènes tentatrices: c'était les prémices d'un éveil, les tâtonnements précautionneux d'un tabou social que Mitterand venait d'abolir (Je rappelle au plus jeunes d'entre nous qui me lisent que c'est bien Mitteux en 1981 qui a fait supprimer les articles de loi condamnant l'homosexualité (lois iniques et scélérates instituées par Vichy et que la Libération a mystérieusement laissées en place, alors que le reste était passé par pertes et profits)), les premiers pas d'un prisonnier libéré qui s'avance, ébloui, vers la lumière extérieur: c'était grosso modo les années 85-95.

Puis on a découvert (outre-Atlantique d'abord) que les gays étaient des dinks (double-income-no-kid = plus d'argent que les hétéros à dépenser dans des futilités) qui avaient généralement plus de revenus que l'hétéro moyen (Logique: vous voyez, vous, l'homo ouvrier de l'époque, avec l'homophobie ambiante, aller acheter au marchand de presse du village le Gai-Pied dans lequel se trouvait précisément le sondage?), et qu'ils étaient plus éduqués (cf. Logique précédente. De plus, quelle meilleure excuse à l'époque pour quitter le village familial étouffant pour la grande ville la plus proche et son anonymat certain, pour enfin pouvoir vivre?). Les entreprises ont commencé à viser ce segment marketing, en insufflant assez d'argent pour culminer finalement en la création un magazine qui soit moralement irréprochable (Vous imagineriez, vous mettre la pub de vos yaourts en face d'une pub 36-15 avec la photo d'hommes dénudés, shocking!!!!) , vous avez deviné? Têtu!!!!! C'était les années 95-00.

Soyons clair, je ne critique ni le fait que ce soit le marketing, donc l'argent, qui nous a mis en lumière, ni Têtu. Sa création correspondait à un besoin des entreprises mainstream pour viser le public idoine. La normalisation de l'homosexualité qui s'en est suivi et qui a finalement débouché sur la création de Pink ne peut être que bénéfique. Non, ce que je critique (et on en vient finalement à la publicité ci-dessus), c'est que l'on applique les schémas du marketing de masse à la masse des gays.

Que lisez-vous dans cette publicité? Moi j'y vois (mais je peux me tromper, et mon avis influencera-t-il vraiment l'issue de ce sujet?) l'amorce d'une Gaystar Academy. Certes, nous n'allons pas non retrouver demain soir devant Pink à tapoter fiévreusement sur notre téléphone mobile les touches d'un "3668 suivi de 1 si vous votez pour le texte de Patrick, 2 si vous votez pour le film de Sébastien, 3 si vous..." pour envoyer un SMS surtaxé à 60 centimes l'unité. Mais au finish, n'est-ce pas là finalement exploiter la soif de reconnaissance de certains pour obtenir un dvd à VENDRE!?

Si l'on désire à ce point exposer sa "vie, [son] nombril, [son] cul, [son] milieu, [son] entourage", pourquoi ne pas le faire sur le net, dans un site ou un blog, où au finish votre intimité restera votre propriété intellectuelle? N'est-il pas plus facile aujourd'hui, avec le taux important et toujours grandissant de couverture haut-débit en France, pour un jeune gay qui se cherche de puiser gratuitement dans le web à partir de sa chambre, plutôt que commander, payer et obtenir par la Poste un dvd?

Lisez les petits caractères en bas: si vous voulez récupérer votre bien, c'est vous qui payerez les frais de retour... Voilà donc une société qui demande votre aide (Parce que s'ils n'avaient pas besoin de vous, vous croyez qu'il auraient dépensé de l'argent à faire une pub?), mais vous la fait payer!? "Viens chez moi m'aider à réparer mon disque dur, ah... et je te préviens, tu paye ton trajet aller-retour, hein? Parce que tu seras la 5375ème personne à venir et j'ai pas envie de le payer à tous le monde. Déjà que je suis pas sûr que ta prestation sera retenue..."
Et tout ça pour quoi, me demanderiez-vous? Pour avoir la "chance" de d'être inclus dans un dvd
après avoir touché un prix forfaitaire minuscule pour sa propriété intelllectuelle, prix forfaitaire par ailleurs, je le parie, inférieur au prix dudit dvd que l'on s'empressera d'acheter, histoire de se faire mousser auprès de ses copains.

Bref, cette publicité ne vend pas votre opinion sur le monde, elle vous vend le dvd que vous achèterez pour vérifier si, on ne sait jamais, votre film est retenu. Et vous avez gagné quoi? L'illusion momentané que vous êtes une star, un digne représentant de la prochaine Gaystar Academy. Moi pour rêver, je joue au Loto. Certes, je n'ai qu'une chances sur 14 millions de gagner, mais je sais que si je gagne, ce ne sera pas quelque chose d'aussi évanescent que la gloire.

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